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Texte de présentation de la série de dessins "Radix".

 

 

 

 

 

 

 

Entre 2003 et 2012, je me consacre presque exclusivement à une seule série de dessins, les "Radix".

Ce texte analytique revient sur les ressorts créatifs de cette série.

 

 

 

 

La série "Radix" est le fruit d’une attitude de travail faisant alterner en permanence l'instinct et la réflexion. De la mise en relation de ces deux facteurs résultent des images abstraites ou figuratives, dans lesquelles s’affirme le souci d’une recherche basée principalement sur les lignes et les formes.

 

Ce qui se produit sur le papier n’étant ni planifié, ni prévu, il n’y a, à l’origine, qu’une intention assez vague dans ce qui constitue l’impulsion de départ de cette série d'images. Le “plaisir de faire” est un paramètre essentiel à ma pratique, il en constitue à la fois l’origine et la réalisation concrète. Cela m’amène à éprouver, durant la conception d’un dessin, un ensemble d’émotions liées au besoin de réaliser une image qui se raconte pour elle-même au fur et à mesure de son exécution, avec son lot de rebondissements, de surprises, de développements inattendus, déstabilisants parfois.

 

Dans ce système, qui colle au plus près de mes humeurs et de mes envies, l’utilisation des couleurs, tout comme la maîtrise des formes, est arbitraire. "Jetés" successivement sur le papier, les éléments dessinés ont pour but de

construire et d’enrichir l’image de leur présence, prêts à épouser un projet plus vaste. 

Le commencement d’une image s’assimile ainsi à un programme ouvert au maximum. C’est en même temps une phase constructive, qui permet de déterminer l’orientation des formes du dessin. 

 

Le processus initial de création d’une image débouche sur la construction d’un "scénario", que la numérisation rend possible et effective. A ce stade, c’est à dire après avoir été photographiée dans son état d’avancement provisoire, l’œuvre est travaillée numériquement avec un logiciel de traitement d'image, permettant d'éditer un historique du travail en cours, et ainsi de pouvoir reprendre indéfiniment jusqu’à trouver la conclusion la plus adaptée.  

A cette fin, la disposition des contrastes de noirs est déterminante. Elle permet de créer les tensions qui naîtront entre les structures dessinées, colorées, et les surfaces vierges. 

Se faisant le vecteur des hypothèses et des scénarios ébauchés, l’utilisation de l’ordinateur trouve naturellement sa place dans le processus de travail, qui donne l’occasion à la structure de départ, chaotique, de devenir la base d'élaboration d'une construction structurée. 

 

La phase finale se traduit par un retour au dessin physique, durant laquelle les orientations sont reprises et reproduites, aussi fidèlement que possible, sur papier. 

 

Ainsi la condition d’apparition de ces images est-elle fortement liée à une technique, à un ensemble de moyens.

Pour autant, je considère moins ses dessins comme la relique du processus de leur mise en œuvre, que comme la matérialisation d’une énergie qui m'est propre, et que je cherche à transmettre à travers l’image.

 

Il ne s’agît donc pas de conceptualiser ma pratique pour en faire un questionnement sur les pratiques numériques contemporaines, par exemple. C’est d’ailleurs pour éviter de tomber dans ce travers que mes images sont à la fois distinctes les unes des autres, produisant leur propre autonomie, et cependant réunies sous une même esthétique (pour cette série).

C’est ce qui distingue ces dessins du procédé qui les fait naître, et les empêche de tomber dans une répétition laborieuse. L’attention portée à créer cette unité s’oppose à l’éclatement de la méthode initiale, et redouble, de fait, la contradiction qui s’opère entre les deux modes opératoires.

En outre, cela favorise une forme d’appropriation par le spectateur, amené à se projetter dans l’image aussi bien que dans la compréhension de sa fabrication.