accueil book accueil book portefolio actualités book

Texte de présentation de l'exposition "En noir et blanc, et en couleurs" (2).

 

 

 

 

 

 

"Enfantines"*

 

 

De la fraîcheur avant toute chose.

 

Et de la légèreté. Et de la fantaisie. Et du caprice. Et de la vivacité. Amusée. Multiple. Foisonnante. Hier en expansions virevoltantes inspirées par la BD, avec pour allié l'ordinateur. Après en concentration; mais en concentrations drôles, ni austères ni enfermées dans je ne sais quel "radicalisme" idéologue. 

 

Aujourd'hui ces formes se sont ouvertes pour que le contrôle et que l'expansion s'oublient, que la forme navigue entre le "lâcher prise" et la reprise en main. 

Non pas hésitant, tout cela, entre deux pôles  contraires, mais saisis dans un entre-deux à la fois tendu et relâché où quelque chose d'autre, de surprenant, advient.

 

"Léger", on n'ose plus dire cela. "Léger" est presque devenu une grossièreté en tout cas une critique. Mais quel est le contraire de léger ? Lourd ! 

Sommes-nous devenus tellement dépendant d'oukases absurde à l'heure où l'art parait de plus en plus obéir aux normes de la grande distribution ?

"Si je pouvais aller vers un idéal, j'irais vers l'art brut", m'a dit Julien Sirven quand je suis allé visiter son atelier, il y a quelques semaines. 

Je pensais à cette phrase qui m'avait étonné quand j'ai vu, dans la vitrine d'une galerie de la rue Mazarine, avant hier, une peinture de Chaissac avec ses formes cernées d'un trait noir. 

 

Les ronds, les triangles, les virgules, les tortillons, les serpentins qui tintinabulent, ou, comme dit Michel Leiris, les biffures, les fourbis, les fibrilles, roses, vert pomme, vert acide, outremer, orange flashy, violet, lilas, qui hantent les petites peintures miraculeuses de Julien Sirven, faites au feutre - qui plus est usagé - sont toutes cernées d'un trait noir qui les autonomise et les jette, presque au hasard, dans l'océan minuscule du papier. 

Là elles se dispersent, baroques et enfantines. 

Merveilleusement.          

 

 

 

               

* Ce titre est emprunté au titre de l'un des plus beaux livre de Valéry Larbaud

 

 

 

 

 

Michel Nuridsany, 2012.